Interview structure adhérente : Charles Peyrouty, Association La SEVE

Charles Peyrouty

Association La SEVE

Aujourd’hui, nous vous présentons un adhérent structure du Graine Île-de-France : L’association La SEVE ! Charles Peyrouty, fondateur et directeur de l’association, a accepté de réaliser une interview pour se présenter :

Pouvez-vous s’il vous plaît me décrire votre structure ?

La SEVE est une association née en 2015 qui est venue cristalliser des actions déjà menées depuis 15 ou 20 ans. La trame de fond, l’idée, c’est de partir du principe qu’il y a une méconnaissance sur nos savoirs fondamentaux liés à notre environnement, et que cela crée des pathologies dans notre société. Notre objectif c’est l’éducation de tous les publics à la biodiversité, via la sensibilisation, la formation, la permaculture. Notre approche est sous- tendue par l’action du Graine IdF, puisqu’elle consiste à faire en sorte que les gens puissent changer de regard sur les choses qui nous entourent. Changer le monde ne passe pas que par la pratique de l’agroécologie, cela aide certes, mais disons qu’il faut accepter les petits pas et que parfois, on rentre en permaculture par la petite porte du potager. Les savoirs fondamentaux nécessaires à la compréhension d’une société induisent notamment des actions autour des sciences de la nature, qui vont se matérialiser dans l’association La SEVE autour de 4 grands pôles. Tout d’abord l’animation Nature, avec des vrais naturalistes, des écologues, qui sont des experts sur leurs sujets et ont la passion de transmettre ces données naturalistes. Ce pôle est tourné vers le grand public et agit principalement à la Ferme de la Cure, dans les milieux naturels et dans les écoles, en convention avec les villes, les départements et les Régions. L’accompagnement de projets collectifs se fait dans le pôle des Jardins Humains, qui peuvent être des potagers, des vergers, mais l’idée c’est avant tout de donner les clefs pour rentre autonomes les systèmes et les humains. Le pôle bureau d’études, héritage du bureau d’études fondé en 2007, est dédié aux projets plus longs : on s’intéresse à la commune, à l’exploitation agricole, à l’entreprise, on pose un diagnostic et on fait des préconisations, le tout dans une approche permacole globale et systémique. On a également un volet dédié à la formation, puisque nous avons développé un organisme de formation et une école de permaculture. La SEVE a officialisé ses cursus de formation en 2016, quant à moi je forme officiellement depuis 2006. Notre « cinquième » pôle serait la Ferme de la Cure, qui met en lien d’autres lieux et d’autres systèmes de formation, pour former notamment à la permaculture. Depuis 2008, c’est un lieu qui expérimente pas mal de choses et où viennent se développer de nouveaux modèles. C’est un des premiers tiers-lieux du Vexin, qui dynamise le territoire autour de la notion de collectif, qui passe aussi par le partage de connaissances, un programme de formations accessibles, qui est dans une idée de coopération, de synergies, presque de symbiose pour certains, mais pas du tout de compétition. C’est aussi un lieu de culture, qui accueille notamment des représentations de théâtre, où des représentants d’autres tiers-lieux sont présents en toute amitié et dans une optique de coopération et de fête. Bien sûr l’association a vocation à gagner de l’argent, il faut être terre à terre, car il y a des charges et des gens qui sont employés. Il est nécessaire de développer des systèmes qui respectent l’humain. Mais il y a également un aspect collectif et associatif. Dans cet esprit, nous sommes reconnus d’intérêt général et nous bénéficions et de l’agrément de l’Education Nationale « association éducative complémentaire de l’enseignement public » ainsi que de l’agrément Jeunesse et Education Populaire. En termes d’essaimage, notre cœur d’activité est le Vexin mais on travaille de Paris à Rouen, et on se déplace parfois plus loin, comme à Lyon par exemple. Toutefois, nous faisons en sorte que ce soit des gens proches et les plus pertinents au vu du projet.

Comment avez-vous connu le réseau du Graine Île-de-France ?

Nous sommes de nouveau adhérents depuis un an parce que ces deux dernières années, nous étions persuadés d’avoir renouvelé notre adhésion. Sinon cela fait beaucoup plus longtemps puisque je connais le Graine depuis avant le début de La SEVE (2015). On se connait avec le Graine, chacun fait ce qu’il a à faire car on n’est pas sur les mêmes enjeux. Je l’ai connu sous l’angle de l’offre d’emploi, puisque le Graine relaye les offres d’emploi d’animation, et c’est intéressant car certains trouvent nos offres d’emploi par ce biais-là, sur le site internet.

Quelles actions EEDD menez-vous ?

On n’a pas de catalogue à proprement parler, sauf dans le cas de certaines formations où on dépend d’un réseau international. De manière générale, notre credo est de s’adapter au contexte, on fait de l’accompagnement vivant : cela se matérialise par le fait qu’il n’y ait pas de projet tout fait et pré-mâché. Les actions en termes d’EEDD peuvent se faire à différentes échelles qui vont de la sensibilisation d’un public défini à la mise en place d’actions sur un territoire – en lien ou non avec les espaces naturels – qui appréhenderont le contexte interrogé sous un angle écosystémique. L’écologie, dans son approche systémique, est toujours la porte d’entrée qui nous permet à tous de développer notre action dans le faire et le savoir. Il y a la partie science fondamentale, avec une expertise de terrain sur la biodiversité, et la didactique de La SEVE qui permet de déployer des programmes, allant de l’application de pédagogiques alternatives et classiques jusqu’à la formation de gens qui à leur tour vont devenir des relais, des formateurs, des animateurs. Il y a une réflexion autour de la pensée du projet, une réflexion sur les valeurs durant laquelle on interroge les fondements, les perceptions et les techniques pédagogiques dans leur contexte, avant même de déployer des pédagogies. Pae exemple, nous sommes partenaire d’une association qui travaille sur le handicap et dans ce cadre, on discute beaucoup avec eux sur le regard qu’on porte sur les pédagogies liées au handicap. On travaille et on développe des outils sur des aspects pédagogiques et techniques  de terrain.

Qu’est-ce qui vous a motivé à rejoindre le Graine ?

Je trouve que c’est intéressant l’idée qu’on puisse échanger de l’information, car parfois on est vraiment la tête dans le guidon. Je ne parle pas que des offres de boulot, c’est aussi un porté à connaissance sur ce qui est en train de se passer dans la Région Île-de-France, ça donne une idée du paysage de ce que peut être l’EEDD en Ile-de-France, même si c’est subjectif car ce ne sont que les infos du réseau.

Auriez-vous un exemple de projet mené avec le Graine ?

Il y a quelques temps, nous évoquions la question de la formation de formateurs, compétence développée à La SEVE, et c’est un sujet qu’il faudrait développer. Vu mon exigence en matière de pédagogie et ce vers quoi il faut tendre, il y a un vrai sujet, qui n’a malheureusement jamais trouvé le moyen de se concrétiser. Mais il y a eu un  appel du pied du Graine ce printemps.

Que souhaitez-vous pour le réseau du Graine IdF en 2035 ?

C’est une très bonne question. On souhaiterait que le Graine n’existe plus car tous les problèmes de la société qu’il règle seraient réglés… Mais certains problèmes existeront toujours en 2035 et il faut se poser la question de la capacité à agir en fonction de la problématique. Tout d’abord il y a une fonction de « porter à connaissance » des projets et des besoins réciproques car ça inspire et ça encourage ; une sorte de newsletter avec les bonnes nouvelles du terrain. L’autre sujet ce sont les besoins croisés. Par exemple, cela peut être une structure qui a besoin de trésorerie qui pourrait croiser une association qui a trop de travail. Ce qui nous intéresse c’est que le territoire évolue, que ses besoins en termes d’EEDD soient pourvus, et donc que ce territoire bénéficie d’animations. La fonction du Graine n’est pas qu’une structure ait plus de chiffre d’affaires. Il y a également un besoin de coordination de ces besoins et le réseau du Graine a toute légitimité à le faire. Car ce qui nous réunit dans le Graine c’est une approche humaniste, et que nos besoins échappent à une approche étatique qui est fluctuante car rattachée au sens de la politique politicienne. Ce n’est pas que la politique soit mauvaise mais ce n’est pas le sujet ici. Il s’agit de Politique avec un grand P. Et le Graine IdF doit être un grand maillage sain et simple.

Vous pouvez retrouver le site internet de l’association juste ici : https://www.seve-asso.fr/